Chaque jour, de nombreux produits alimentaires, cosmétiques ou objets en tout genre sont confisqués aux contrôles de sécurité dans les aéroports. Le média 20 Minutes a récemment publié un article sur le devenir des objets confisqués. À Nantes Atlantique, cela représente entre 150 et 300 kilos par semaine. Longtemps jetés, ces articles ont désormais une seconde vie grâce à un partenariat avec les Restos du Cœur.
Cette solution antigaspillage répond à une nécessité : limiter les pertes alimentaires tout en soutenant des actions solidaires. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large, au même titre que la vente de fruits en direct producteur, les paniers antigaspi, et les fruits et légumes en circuits courts. Une réponse simple à un gaspillage longtemps ignoré dans les aéroports.
Une collecte aux contrôles de sécurité
Les consignes de sécurité interdisent l’embarquement de liquides ou de certains aliments. Résultat : bocaux, confitures, conserves, fruits, légumes ou fromages sont régulièrement saisis. À l’aéroport de Nantes Atlantique, ces produits représentent plusieurs centaines de kilos par semaine, avec une majorité d’aliments encore parfaitement comestibles.
Certains proviennent même directement de producteurs locaux, de fermes pratiquant la vente de légumes à la ferme, ou de circuits courts, et finissent sur le tapis de tri des agents de sécurité. Longtemps, ils étaient purement et simplement détruits, malgré leur qualité nutritionnelle et leur fraîcheur.
Donner une seconde vie aux produits : une logique circulaire
Depuis 2023, l’aéroport de Nantes Atlantique collabore avec les Restos du Cœur pour redonner une utilité à ces denrées saisies. Lorsque les passagers ne souhaitent pas les faire réexpédier ou les récupérer, ces produits sont conservés pendant trois mois, puis automatiquement remis à l’association.
Chaque semaine, les bénévoles viennent récupérer les denrées, parfois d’origine artisanale ou agricole. Ce geste s’inscrit dans la continuité de la loi antigaspillage de 2020, qui interdit la destruction de produits alimentaires consommables.
La nourriture ainsi collectée rejoint les dispositifs de distribution alimentaire existants. Certains produits intègrent des paniers de fruits et légumes antigaspi, tandis que d’autres servent à la préparation de repas pour les bénéficiaires. Une manière de valoriser des aliments, parfois issus de la vente directe producteur, ou même labellisés bio ou issus de l’agriculture raisonnée.
Vers une généralisation dans tous les aéroports ?
Cette initiative pourrait être reproduite dans d’autres aéroports. À l’échelle nationale, le volume de nourriture confisquée est considérable. En centralisant la récupération et en travaillant avec des réseaux d’aide alimentaire, chaque plateforme aéroportuaire pourrait devenir un acteur engagé dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Cette logique rejoint celle des consommateurs qui se tournent vers des fruits et légumes moches, des marchés locaux, ou encore des applications de sauvetage d’invendus. Une dynamique soutenue par l’essor de la vente directe producteur, qui reconnecte l’alimentation à son origine.
Tout comme les fruits et légumes antigaspi ou les paniers de récupération de fin de marché, la nourriture confisquée en aéroport mérite une seconde vie, en la réinjectant intelligemment dans un circuit solidaire et durable.
Un impact environnemental non négligeable
Au-delà de l’enjeu social, la récupération de la nourriture confisquée permet également de limiter l’empreinte carbone générée par le transport et le traitement des déchets. Chaque fruit ou légume sauvé du gaspillage représente autant de ressources naturelles, d’énergie et d’eau économisées. Dans une période marquée par la transition écologique, ce type d’initiative prend tout son sens.
De plus en plus de collectivités et d’acteurs du secteur aérien s’interrogent sur leur rôle dans la réduction du gaspillage alimentaire. Des réflexions sont menées pour intégrer des points de collecte systématiques, pour mieux trier les produits ou encore sensibiliser les voyageurs à ne pas transporter certains types d’aliments périssables.
Ce qui semblait perdu ne l’est plus forcément. La nourriture confisquée dans les aéroports peut nourrir, au lieu d’être jetée. En permettant à ces denrées de rejoindre les assiettes de ceux qui en ont besoin, l’initiative de Nantes Atlantique donne un sens nouveau à la gestion des déchets alimentaires. En lien avec les pratiques déjà bien ancrées dans certains territoires, cette démarche pourrait devenir une norme.
Gaspiller moins. Redistribuer plus. Faire de chaque grappe de raisin ou pot de confiture un geste en faveur de la solidarité alimentaire.